Where is my HOME?

— « Oorrh M.Y.M, Home c’est la maison en Français »

— « Mais Mama tu m’avais dis que Home c’est Le Foyer non??! »

Evidemment que home c’est le foyer et je le lui avais déjà dit.

Passé l’âge des beaux nourrissons, et mon fils a été un très bel enfant, ils arrivent à l’âge ingrat où les questions pleuvent plus vite que leur dents ne tombent. Par fatigue et par facilité, à ce moment là, j’ai donné la réponse bateau parce que je ne me sentais pas l’énergie de répondre à la question suivante (qui arriverai tôt ou tard): C’est quoi un foyer? C’est cela la parentalité, l’imperfection, les moments de mous où on ne tient pas ses propres principes, la sarabande infinie des questions de ceux là qui découvrent le monde et à laquelle nous n’avons nous-même pas encore de réponse.

Je n’ai effectivement pas encore de réponse à cette question que justement je me pose depuis quelques temps déjà d’une certaine façon. Ce billet n’est donc pas une réponse à vos interrogations personnelles mais plus tôt un partage de mes doutes en espérant qu’un échange avec vous nous aidera tous. Je me demande depuis un bon moment où est ma place. Quand on déconstruit et détricote l’ordre établi, quand on ose rêver, la suite logique est bien souvent la déstabilisation et la nécessité de trouver un nouvel équilibre.

Pour la petite histoire j’ai été un « pigeon voyageur » très tôt dès 17ans (depuis ma naissance meme en fait), ce n’était ni ma personnalité de base (je suis casanière et plus réservée qu’il n’y parait, à l’image de mes propre parents) ni le destin social de la fille de la famille (il en va ainsi dans les sociétés patriarcales). Mes parents avaient une manière de faire et de vivre qui prônait l’enracinement et l’imprégnation de valeurs cardinales: famille, travail, respect, spiritualité. Cela passait bien souvent par l’attachement physique à des lieux particuliers. La conséquence directe a été mon attachement viscéral au Cameroun et aux lieux où j’ai grandi ou à ceux où coule le sang de mes familles. Cette vision de la vie répondait surement à leur propre besoin de repères et de conserver leur histoire car leurs propres familles se dispersaient depuis des générations, c’était leur appel et leur rôle à ce moment, je le comprend avec du recul.

Par contre, presque malgré moi et malgré eux, je n’ai connu que l’envol et les séjours dans des villes différentes. Dès 17ans je n’ai plus véritablement jamais résidé dans la maison de mon père sauf quand il a fallu préserver ma grossesse: Limbè, Douala, Buéa, Yaoundé, Abang-bikok, Njombé, Mbanjock, Mbanga, bien d’autres.. Là je ne parle que de ceux ou je suis restée plus de 3mois, ai eu une maison, fait des relations et une vie. Aujourd’hui dans un autre pays, ca continue.

Quand je suis au Cameroun par exemple, ma pensée va assez souvent vers le Sénégal et quand je suis au Sénégal je ne vis que Cameroun. Certains matins à Douala je pense aux riches facettes de Dakar et quand j’entends le wolof à tout bout de champs je ne souhaite qu’une chose, entendre les sonorités de mon enfance. Pendant ce temps, d’autres m’appellent encore ailleurs vers d’autres contrées. Je suis au carrefour de ce que la vie m’a apporté et je me demande où est ma véritable place…

Palais de Justice, Bonandjo-Douala, Cameroun/ Photo: Me

Alors, depuis quelques mois déjà, la question du foyer se pose, lorsqu’on est parent elle est d’autant plus importante. Qu’est ce qu’un foyer pour moi et surtout où est ce que je me vois l’établir? La réponse n’est malheureusement aussi aisée que je le souhaiterai. Il faut se demander si on veut quelque chose de sédentaire et définitif ou quelque chose de plus souple qui permette de changer tout les 4-5 ans, quelles valeurs on souhaite transmettre à son enfant et le type d’éducation, interroger notre attachement à nos origines et le lien que nos voulons que notre descendance garde avec elles, aller au-delà de la connaissance intellectuelle de l’histoire des peuples pour passer à une action concrète qui reflète notre vision de la vie, voir si notre choix professionnel nous permet de répondre à nos besoins profonds et réaliser ses rêves.. et plus encore. C’est un paquet de nœuds.

Tant qu’on est en vie, on continue de rêver, on aspire toujours à mieux.. mais malheureusement l’espérance de vie sous certains cieux ne nous donne pas un temps infini pour se décider et faire des choix (souvent malheureux). Est ce donc si grave de ne pas savoir? D’hésiter? De ne pas tout connaitre et faire de son mieux? qu’est ce qui est le plus important?

Non je n’ai pas toutes les réponses. Mon point de départ sera ma connaissance et mon acceptation de moi-même. Je suis un mix assez équilibré entre un besoin d’enracinement et celui d’aventures, je suis attachée à mon pays et à l’Afrique plus qu’autre chose, je suis assez minimaliste et simple dans ma vision de la manière de vivre, j’aime le beau comme tout le monde mais avec toujours un accent sur l’origine de ce que je consomme et à qui va mon argent plus que sur ce qui est juste à la mode (le monde tel qu’on nous le vend n’est que marketing permanent), j’aime servir la société et j’aimerai le faire à grande échelle sans avoir à me trahir, je n’adhère pas à la philosophie des citoyens du monde (si tu ne te vois pas de quelque part, les autres auront vite fait de te le rappeler)… Au final, on a besoin de bien peu de choses, le tout est de savoir quelle importance on leur accorde.

Je veux un nouveau téléphone et un reflex pour explorer ma passion pour la photographie, faire une exposition un jour, avoir ma propre maison, visiter tout les pays de l’afro-world, servir les plus démunis, opérer des enfants, écrire un livre, décorer des maisons dont la mienne en collaboration avec des designers de talents.. Mais, il faut se soigner physiquement et mentalement, préparer l’avenir de sa descendance, accompagner les autres comme nous meme dans les moments difficiles. Voilà autant de contraintes que meme le plus égoïste ne peut esquiver. Le fait est que la vie a des saisons et nous devons être en capacité de les accepter pour ce qu’elles sont sans lorgner l’herbe verte ou le ciel bleu du voisin.

Je m’enracinerai surement quelque part et j’espère que je trouverai cet endroit où je ne serai pas perdue et ne perdrai pas ma progéniture.. cet endroit où j’aurai moins de regrets et plus de paix, où je reviendrai toujours où que j’aille.. En attendant j’explore ce que la vie m’offre en pleine conscience de ce que je cherche et ce qui importe pour moi.

Et vous, avez-vous trouvé cet endroit? Savez vous déjà où est votre place? ou peut-être ne vous posez vous pas toutes ses questions?

Un Foyer à soi est de l’Or

proverbe Danois

On ne peut appliquer la loi de l’attraction ou demander à l’univers de concourir à notre bien si on ne sait qui on est et ce à quoi on aspire.

Il est dit que le foyer est où se trouve le cœur (Home is where the heart is), peut-être dois-je d’abord trouver mon cœur ou ce qui le referai battre. Je nous souhaite à tous d’avoir ce lieu au cœur apaisé et de flamme chaleureuse, un Foyer..

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