De La Boue…Et Des ETOILES !!!

Lorsque mon camarade Thierry décide sur wordpress de partager avec nous dans son billet « VOUS AVEZ DIT OPERETTE » (sans la ponctuation que j’affectionne tant…un bon « ? ou ! » aurait été bienvenu mais bon à chacun son style)son émerveillement, récompense d’une saine et audacieuse curiosité (crois-je), il ne s’imagine certainement pas ce que ça suscitera en moi..(moi non plus rassurez-vous… ce serait trop facile!). La nature humaine et son besoin de partager la vie, c’est là semble t’il le secret de la lecture… partage, exaltation, exacerbation de l’imaginaire. Comme j’aime à le dire: Dans toute œuvre, au delà de ce que montre l’auteur (‘artiste’ serait trop pédant n’est ce pas?), il y’a ce qu’elle suscite en nous, cet écho indescriptible… L’œuvre a désormais une vie propre et va au devant de ceux qui s’y intéressent, pour leur plus grand bonheur…

Je lu et rebondi donc (qui pourrait s’en empêcher? pas moi lol): « Avoir l’opportunité de découvrir ce que par le hasard (s’il existe) des naissances nous n’étions pas pré-destiné à connaitre… Mais les découvertes scientifiques sont passées par là… L’évolution ou l’involution (c’est selon) de la société a pris corps… Désormais nous fantasmons d’un ailleurs que nos anciens n’ont pas connu (si ce n’est fers aux pieds pour la plupart, arme au poing pour d’autres)… Comme nos petits enfants noirs de Soweto qui apprennent la danse classique sur un sol en terre battu de salles de classe vidées pour la circonstance, le mur défraichit comme barre, l’espoir tenace, les étoiles du ballet dans les yeux. L’art se veut et devient universel… Village planétaire « indeed »… Allons donc vers l’autre et sur le chemin découvrons-nous nous-même… »  Et au fil des mots enveloppés par la nuit que mon clavier laissait voir je me suis retrouvée là où je n’imaginais pas: dans mes souvenirs d’une actualité récente dont je m’étais promise de vous parler un de ces matins ensoleillés et froid que le pays de la Teranga nous offre gracieusement à voir. Je me suis de surcroit rendue compte à quel point ma mémoire (la traitresse « ! ») m’avait fait défaut..il ne s’agissait pas d’Alexandra ni de Soweto (bien que béneficiant aussi de programmes de danse classique pour les enfants défavorisés à Johannesburg, Afrique du Sud) mais plutôt de Kibéra. D’aucun dirait: Qui irait s’embarrasser pour un détail, un bidonville d’Afrique noire est un bidonville de noirs en Afrique (blanc bonnet, bonnet blanc) peu importe… Mais pour moi si, le diable n’a pas choisi les détails pour rien et moi je choisi (quoi que la misère soit commune) d’évoquer les particularités, d’individualiser l’Être, et de ne généraliser que ce qui le sublime: ses leçons de vie, sa force d’avancer et de rêver. Il est semble t’il temps…

KIBERA. L’un des plus grands bidonvilles d’Afrique, au sud de la capitale Nairobi (Kenya).

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KIBERA
Kibera-Road
Kibera Road

Dans cet amas de tôles dépourvu d’eau et de lumière, jonché de déchets, truffé d’humains respirant un air saturé de désespoir: Le professeur de danse Mike Wamaya (32 ans, lui-même enfant du bidonville); Qui entre 2 entrechats entrouvre dans l’esprit de ces enfants-élèves les portes d’un monde aussi infini qu’inconnu.

La volonté de ce jeune homme fut porté à l’écran d’une chaine occidentale il y’a quelques années pour son action de sauver les enfants de la décharge à ciel ouvert qui servait de source de revenu à leurs géniteurs en leur enseignant la danse acrobatique.

8 ans, 2 associations britanniques plus tard: le voici « enseignant » de danse classique, dénicheur de talents pour l’octroie de bourses (tout frais compris) dans une école de danse dans les beaux quartiers de Nairobi; Offrant par là à ces petits anges noirs (et ce grâce à des sponsors ponctuels difficilement acquis à la cause par la dite institution) une vie de pensionnaires en famille d’accueil où leur seule tache serait: d’étudier leurs leçons, d’apprendre la danse à plus soif et de ne pas décevoir (ne pas se décevoir soi-même avant tout, vaste programme)

Nominé dans les 50 derniers finalistes du « Global Teacher Prize », le prix du « meilleur » professeur du monde, décerné chaque année par la Varkey Fondation… Mike l’enfant du ghetto continue, la foi chevillée au corps et le sourire aux lèvres, de transmettre chaque après-midi dans une salle de classe en terre battue et murs défraichis de l’école somme toute populeuse de Kibera, les bases de la volonté et de l’audace de rêver sa vie à de petits êtres aussi souples et résistants que le roseau sous le vent. Quelque chose qui finalement le dépasse et certainement lui survivra, nommé pour la circonstance: Ballet.

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Mike et ses éleves
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Boue et Ballet

Le Ballet… Apparu à la renaissance italienne puis porté en France dans les bagages d’une jeune épouse royale, une femme forte (encore une!) passionnée d’arts: La Médicis. Le balletto s’enrichit à la cours française de paroles, versets, chants, décors et costumes pour en faire un grand spectacle d’apparat. Le temps et le modernisme fera le reste avec des danseurs devenus pour certains ‘étoiles’.

Ballet… comme cette composition chorégraphique destinée au public

Ballet… comme l’école de la rigueur, de la discipline; tout en force, souplesse et grâce

Ballet… comme les déplacements incessants et les rencontres humaines

Ballet… comme une ode à la vie malgré tout

Le tout n’est pas de savoir à quelle couleur de l’arc-en-ciel nous sommes sensé correspondre (moi c’est jaune ne vous en déplaise, c’est dans ma tête), ou de savoir pourquoi la danse classique et pas le Hip-Hop ou l’Assiko (tant qu’à faire), mais plutôt de réaliser que la pauvreté économique reste encore (et même plus encore) ségrégationniste. Elle condamne à cette pauvreté intellectuelle, sociale et même spirituelle tant honni par ceux qui n’y sont pas confronté ou simplement méprisée par ceux qui le sont et dont l’affranchissement ne fut pourtant pas souvent de leur fait (Fait d’Arme encore moins!) mais du à des circonstances oh combien fortuites et passablement avantageuses (restons modestes...).

Nous savons tous comment fouiller, creuser, tamiser notre terre devenue boue, pour en tirer nos richesses (diamants, aliments..); mais peu savent comment faire ressortir ce qu’on a de plus précieux en nous et avoir la patience pour cela de tamiser inlassablement cette boue qui obstrue les rivières de nos vies.

Loin du misérabilisme de bon aloi (et loin de moi son pendant littéraire), il est donc des héros ordinaires dont personne ne parle le plus souvent, qui ont la volonté de faire et de faire faire pour échapper aux stéréotypes meurtriers; Qui savent qu’aller à la découverte de l’autre (de sa culture ) c’est prendre le risque de se découvrir soi-même. Ces inconnus au panthéon de notre mémoire et de notre reconnaissance qui accompagnent nos enfants, notre futur, notre bâton de vieillesse, sur le chemin de leur rêves les plus fous; leur inculquant discipline, travail et foi dans un environnement démuni de tout (cette boue, ces détritus)… Sur le chemin ardu de  l’acceptation d’eux-mêmes tels qu’ils sont: complexes, mystérieux et brillants… DES ETOILES!

*Assiko: Danse traditionnelle Bassa’a (une des ethnies du Cameroun)

Retrouvez l’article de Thierry S. BOKALLY et vous comprendrez ma réponse..lol

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